A l’instar de certains paysages qui synthétisent en eux-mêmes une identité territoriale, les grandes villes ont quelque chose de fascinant. En y déambulant, on accède souvent sans réserve aux mythes que certaines images ont créées, colportées, véhiculées dans la mémoire collective. Autant de monuments, de lieux, d’objets qui deviennent les vecteurs d’une reconnaissance incontestable d’une métropole et de son rayonnement international.
Berlin n’échappe pas à ce paradigme …
 
Les stigmates de la fracture Est-Ouest de la ville ont été bien vite balayés, enfouis sous des strates de volonté réunificatrice, de reconquête urbaine…pour qu’elle s’affirme à nouveau comme l’une des capitales mondiales.
La dynamique s’est renversée, la ville a été reconquise, le spectacle cosmopolite du cœur de la cité bat à nouveau, à tel point que l’on en oublierait presque son histoire.
La ville «moderne » a repris le dessus : l’Alexander Platz, la porte de Brandebourg, la Potsdamer Platz sont les nouveaux emblèmes de cette grandeur retrouvée.
Le Reichstag affiche avec fierté l’unification et offre depuis sa coupole de transparence un panorama grandiose sur un Berlin unique.
Mais Berlin est-elle réellement réunifiée?
 
L’ancienne centralité de Berlin Ouest parait bien désuète et figée au regard du renouveau et de la métamorphose urbaine de Berlin Est…
Certains symboles de l’Est ont, quant à eux, subit un ensevelissement calculé….trabants, palais de la République, Mur… Il faut vouloir opérer un travail d’archéologue pour en découvrir les survivants…alors que la Fernsehturm, ancienne tour de la Télévision de Berlin Est, devient l’emblème de la ville unifiée…
Des paradoxes naissent la richesse.

C’est pourquoi j ai voulu, à travers le foisonnement  urbain, mettre en avant cette subtile polarité est/ouest.
Mes prises de vues s’organisent telles une promenade au cours de laquelle je cherche à capter tous les aspects du lieu, à en comprendre le sens, le fonctionnement architectural urbain et humain.
Puis par un travail d’assemblages et de superpositions, je passe de la littéralité à la conception graphique et plastique.
L’objectivité des cadrages a disparu ; subsiste ce que la ville me donne à voir, dans la multiplicité de ses vies mêlées, juxtaposées, interpénétrées.
Je livre un ressenti, une émotion qui découlent non pas d’un moment mais d’instants pluriels.
Les incrustations successives de photographies témoignent des richesses, des frénésies, des fourmillements de ce monde urbain berlinois…
avec un peu d’imagination nous l'entendons presque...
 

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